L’arthrose du genou (V) - Thérapeutique médicale classique de l’arthrose et propriétés des huiles essentielles
Thérapeutique médicale de l’arthrose
La thérapeutique médicale classique de la maladie arthrosique est assez pauvre et limitée en termes de résultats et d’efficacité : que ce soit le paracétamol, les AINS, les corticoïdes intra-articulaires (pas plus de plus de 2—3 fois par an), ou les injections d’acide hyaluronique (efficacité meilleure qu’un placebo, mais modérée), aucune de ces propositions ne semble suffisante à résoudre les problèmes.
Les acteurs de la santé s’accordent à dire que la prise en charge de l’arthrose doit être multidimensionnelle : médicamenteuse et non médicamenteuse.
Les objectifs du traitement de l’arthrose sont :
- de soulager la douleur ;
- de préserver les fonctions de mobilité (exercices spécifiques, activité sportive modérée,...)
- de restaurer la qualité de vie (profession, loisirs...) ;
- d’agir sur les mécanismes du processus arthrosique en arrêtant la destruction des chondrocytes et réparant le cartilage ;
Une perte de poids (si surpoids) et une rééducation sont largement préconisées.
Et les huiles essentielles dans tout ça ?
On vient de voir plus haut que les cytokines inflammatoires IL-1β, IL-6 et TNF-α ainsi que les prostaglandines COX-2 et 5-LOX, étaient les cibles prioritaires à combattre, suivies de l’iNOS et des MMP.
Je décrivais brièvement dans le menu « Mes pratiques – L’aromathérapie - Pourquoi ça marche » que les molécules aromatiques des huiles essentielles, extraites des végétaux, fonctionnaient comme des acteurs chimiques de par leurs structures hydrocarbonées et/ou leurs fonctions chimiques.
Ces molécules interagissent avec des :
- Protéines : inhibition ou expression d’enzymes, par exemple
- Protéines dénaturées : inhibition de la destruction de certains processus enzymatiques , comme la fibrinolyse ( Protéine dénaturée = perte de forme tridimensionnelle des molécules , entrainant une perturbation de l’activité cellulaire, voire leur mort).
- Lipides : inhibition de certains lipides (= lipolyse)
- Espèces réactives de l’oxygène (ERO), dont les radicaux libres de l’oxygène (RLO)
Des études scientifiques ont montré que parmi les molécules végétales composant les huiles essentielles, certaines avaient les actions suivantes (non exhaustives) sur l’organisme :
- Baisse des cytokines IL-6 et IL-1β : molécules de β-myrcène, de α-pinène, …
- Baisse de la cytokine TNF-α : molécules de trans-anéthol, de β-myrcène, …
- Baisse de la prostaglandine COX-2 : molécules de Salicylate de méthyle, de thymoquinone, de γ-terpinène, de Salicylate de benzyle, de β-caryophyllène, de menthone, …
- Baisse de la prostaglandine 5-LOX : molécules furanosesquiterpènes, de β-caryophyllène, de α-bisabolol, de (+)-E-nérolidol, de α-cédrol, …
- Baisse de l’iNOS : molécules de linalol, d’élémicine, …
- Baisse des métalloprotéases MMP : molécules de (+)-linalol, de β-caryophyllène, d’acide boswellique, d’α-nécrodol,…
Mais une huile essentielle ne se résume pas à ses molécules majoritaires. Elles forment un tout. Même si certaines huiles ont des composantes communes, leur totum (= toutes les substances naturelles contenues dans l’huile essentielle) leur donnent des propriétés différentes.
C’est une des différences fondamentales avec les médicaments de synthèse qui ne comprennent qu’un seul composant. La richesse des composants d’une huile essentielle la rendra adaptée à plusieurs cibles thérapeutiques grâce à son totum.
En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’une huile A comprend, par exemple, du β-caryophyllène, qu’elle conviendra forcément à la pathologie pour laquelle il faut baisser les COX-2.
En prenant en compte ces paramètres, les huiles essentielles les plus pertinentes pour soulager les problèmes d’arthrose seront, par exemple, les suivantes (non exhaustives ni classées par ordre de priorité) :
Cytokines/PG inflammatoires | Molécules majoritaires | Huiles essentielles |
---|---|---|
↓ Cytokines IL-6 et IL-1β | ● β-myrcène ● α-pinène |
Lentisque pistachier, Myrique baumier,Faux poivrier/Baies rose,... Pin sylvestre, Cyprès toujours vert, Epinette noire,... |
↓ Cytokine TNF-α | ● Salicylate de méthyle ● Thymoquinone ● γ-terpinène ● Salicylate de benzyle ● Shogaol ● β-caryophyllène ● Menthone |
Gaulthérie couchée, Bouleau,... Nigelle douce,... Tea-tree,..... Ylang-Ylang,... Gingembre,... Chanvre,... Menthe poivrée,... |
↓ Prostaglandine 5-LOX | ● Furanosesquiterpènes ● β-caryophyllène ● α-bisabolol ● (+)-E-nérolidol ● α-cédrol |
Myrrhe amère,... Baume de Copahu,... Candélia,... Cabreuva,... Genévrier de Virginie,... |
↓ iNOS (Oxyde nitrique synthase - forme induite) | ● (-)-linalol ● β-myrcène |
Lavande aspic, Thym verveine,.. Lentisque pistachier, ... |
↓ Métalloprotéases MMP | ● (+)-linalol ● β-caryophyllène ● Acide boswellique ● α-nécrodol |
Coriandre,... Katafray, Poivre noir,... Encens des Indes,... Lavande de Séville,... |
Légende : ↓ = diminution PG = Prostaglanines
Il n'est pas toujours aisé de savoir pourquoi une huile donne des résultats. Par exemple, le Santal blanc a également une action importante sur les IL-6, IL-1β et TNF-α, sans que l'on sache exactement, parmi ses différentes molécules, celles qui permettent de baisser ces cytokines.
Ces huiles ne supprimeront évidemment pas les causes initiales mais contribueront à faire baisser l’inflammation et les douleurs. Elles pourront être complétées utilement par des huiles essentielles antalgiques et/ou analgésiques, telles que la Menthe poivrée, l’Encens de Somalie à paracymène, la Camomille noble, etc…
En fonction de votre terrain, vos allergies, vos sensibilités, vos médicaments et vos contre-indications, votre aromatologogue sera le plus à-même de conseiller la bonne synergie d'huiles essentielles à réaliser.
Par ailleurs, l'ensemble des réactions biochimiques détaillées plus haut, sont probablement révélatrices d'une acidité accrue de l'organisme. Pour rétablir un équilibre acido-basique, un changement d'alimentation (anti-inflammatoire et alcaline) sera souhaitable, accompagné éventuellement d'un drainage visant à éliminer cette acidité.
Un apport de vitamines, d’oligo-éléments, de glucosamine sulfate et sulfate de chondroïtine (amélioration de la synthèse du collagène et des chondrocytes) ainsi que de phytothérapie pourront également être bénéfiques dans la prise en charge naturelle de l'arthrose, en plus des huiles essentielles. Enfin, des activités physiques adaptées sont absolument indispensables en dehors des poussées d'arthrose.
Les différentes formes d’accompagnement seront à voir votre naturopathe, surtout s’il est également aromatologue…
© Guy Berlin - Aromatologue